Marathon WineGlass
Marathon Campagne et Champagne!
La plupart du temps, le syndrome de la page blanche résulte d’un manque d’idées ou d’inspiration; plus rarement, la panne provient d’une bousculade d’idées et d’émotions. Me voici confronté à la seconde situation alors que la magie du premier week end d’octobre vécu avec mes amis du club de St-Bruno au 27e marathon WineGlass (www.wineglassmarathon.com) subsiste même après plus d’un mois et un autre marathon.
WineGlass a tout pour plaire à ceux qui recherchent un décor naturel, une organisation conviviale, une foule réduite et un environnement « zen » qui invite à la détente de l’esprit malgré le sérieux de la compétition. Le parcours de ce marathon champêtre s’étend du petit village de Bath jusqu’à la petite ville de Corning au sud de la région des « Finger Lakes » et au sud-ouest de Syracuse dans l’État de New York, à l’intérieur d’un écrin de verdure vallonné qui n’est pas sans rappeler nos Laurentides. Ce splendide décor fut drôlement mis en valeur par une météo des plus clémentes pour tout le week end, même si le fond de l’air était assez frais.
Corning, siège de l’organisation de l’événement, s’avère un charmant mélange de chef-lieu de région rurale et petite ville industrielle de la première moitié du XXe siècle, avec une rue principale tout-à-fait typique. Nichée au creux d’une vallée ceinte de collines qui commençaient (quoiqu’encore timidement) à nous montrer leurs belles couleurs automnales, cette sympathique bourgade qui respire le bonheur tranquille et où le temps semble suspendu, est évidemment très peu connue des Montréalais bien qu’elle se classe pourtant au 3e rang des attractions touristiques de l’État de New York après la mégapole éponyme et Niagara Falls, rien de moins!
Aussi connue comme « Crystal City », Corning abrite le siège de la société éponyme et on y trouve également un très beau, intéressant et instructif musée du verre (www.cmog.org) où l’on peut naturellement assister à quelques impressionnantes démonstrations du savoir-faire des artisans du verre. Enfin, la ville se trouve au cœur d’une région viticole dont les origines remontent à 1854, d’où le nom associé au marathon local. D’ailleurs, chaque participant recevait (avec son dossard) une petite bouteille de vin mousseux local Pleasant Valley (www.pleasantvalleywine.com) qui s’est finalement avéré une agréable surprise.
Y compris votre tout dévoué, nous étions sept membres du club à courir dans ce cadre champêtre, dont Nathalie Goyer qui revenait défendre son titre de championne acquis l’an dernier. Nous sommes partis vendredi afin de profiter pleinement de la journée précédant l’épreuve. À notre arrivée à l’hôtel, quelqu’un a prévenu le directeur du marathon de notre présence et celui-ci s’est empressé de venir saluer la championne 2007 et ses amis.
Samedi matin fut naturellement consacré au retrait des dossards. Notre dossard de très grande taille intégrait la puce électronique à l’endos et le T-shirt « technique » à manches longues de l’événement était très bien. Le Sport & Fitness Expo était aussi minuscule que les aubaines étaient énormes sur les chaussures et vêtements techniques; vu notre présence très matinale, nous y avons fait de bien bonnes affaires. Les gens à l’Expo, y compris le très sympathique directeur, étaient chaleureux et savaient drôlement bien communiquer leur bonne humeur. On croyait être à un pique-nique paroissial. L’après-midi fut consacré à la sieste et la visite du musée; le soir venu, il n’y avait pas de souper de pâtes officiel, mais l’organisation nous avait distribué une liste de restaurants où tous pouvaient faire le plein en hydrates de carbone.
Le dimanche matin, le départ du marathon avait lieu à 8h00 (une heure plus tôt que l’année précédente) et, outre l’épreuve-phare, l’événement comportait aussi un marathon à relais (équipes de trois) mais pas de demi-marathon ou 10 km. Des navettes (bus scolaires) nous conduisaient à Bath où nous pouvions attendre à l’intérieur d’une usine de produits d’éclairage Philips; heureusement puisque la température à l’extérieur frôlait le point de congélation!
Le parcours consiste essentiellement en une descente graduelle d’environ 200 pieds, malgré deux petites montées aux 5e et 22e milles, ce qui en fait un parcours très rapide (« flat & fast »), propice pour y obtenir une qualification pour le marathon de Boston (www.baa.org), ce que je n’ai pas manqué de faire avec 15 minutes d’avance sur le temps requis.
Le départ fut donné à travers une bonne couche de brume matinale qui a persisté tout au long de la première heure au moins, nous empêchant de bien voir l’environnement que l’on devinait néanmoins bucolique. Ce brouillard donnait à la course un cachet bien spécial et, à mesure qu’il se levait lentement, on pouvait apprécier les charmes campagnards de notre route traversant champs et pâturages, sous l’œil un peu blasé de troupeaux de bovins.
Notre parcours traversait quelques petits villages de moins de 1000 habitants. Les routes ne pouvaient être entièrement fermées mais un couloir délimité par des cônes nous procurait un niveau acceptable de sécurité d’autant plus que la circulation automobile à cet endroit s’avérait plutôt tranquille (comme tout le reste) en cette matinée dominicale. L’environnement m’a fait penser aux premiers kilomètres du marathon de Boston; par contre, avec 547 coureurs ayant franchi le fil d’arrivée, la course demeurait intime et convenait ainsi à merveille à ceux qui détestent les « big events ».
Malgré ce caractère intimiste, l’organisation s’est avérée à la hauteur des grands événements en termes de signalisation, postes de ravitaillement, sécurité, « goodies » et « party » d’après-course; à cet égard, la soupe et les pointes de pizza étaient délicieuses et offertes à volonté, ce qui change des événements où tout semble sévèrement contrôlé et rationné. La cérémonie de remise des médailles fut par contre très peu ponctuelle (soyons charitables) et assez laborieuse.
Les médailles remises aux finissants sont tout simplement magnifiques puisqu’il s’agit d’une œuvre artisanale en verre (quoi d’autre?) de très bonne dimension et faite à la main, localement. Une section du site web (voir ci-haut) est consacrée à la fabrication de cette médaille qui s’est d’ailleurs méritée une mention dans la mini-rubrique « Best Schwag – Awards worth bonking for » de la revue Runner’s World, édition de septembre 2008. Chaque médaille ayant son revers, celle de WineGlass est évidemment fragile comme notre ami Gilles l’a découvert par accident; qu’à cela ne tienne, l’organisation s’est empressée de lui en expédier une autre.
Le premier coureur compléta l’épreuve en 2h27 et la première coureuse, Nathalie Goyer, en 2h50. Nathalie fut escortée en quelque sorte par Laurent Jugant (2h49) et Mathieu Girard (2h51), ce qui illustre peut-être l’instinct grégaire de notre club! Terry Gehl, un membre bien connu de l’élite québécoise, termina au troisième rang global avec 2h34. Le dernier coureur fermait la marche en 7h14. Mes autres compagnons (Gilles Cadotte, Marc Lavoie et Bruno St-Pierre) et moi-même avons bien fait et sommes très heureux de notre expérience. Voyager en groupe ajoute une dimension humaine vraiment spéciale!
Pour conclure, en mélangeant ville charmante, cadre naturel enchanteur, température idéale, superbe épreuve et belle « gang » de gens formidables, vous obtiendrez un week end inoubliable et magique. Prochain rendez-vous : Denver dans 2 petites semaines.
Marc Dagenais