Virée familiale dans les sentiers
Pour souligner la Fête des Pères, l’édition du 21 juin dernier de La Presse nous offrait de belles histoires touchantes où plusieurs papas partageaient quelques expériences de course vécues avec leurs enfants. À mon tour d’ajouter mon grain de sel puisque j’ai eu le privilège, une semaine auparavant, de courir l’épreuve du 5 km de la Grande Virée des Sentiers (GVDS) avec ma benjamine de 16 ans. Les mots étant impuissants à exprimer adéquatement l’immense bonheur que ce moment magique m’a procuré, je me contenterai de constater à quel point le temps m’est apparu trop fugace en si agréable compagnie et ce, malgré avoir couru 13 longues minutes de plus que mon meilleur résultat sur cette courte distance. Un si bref instant n’en laissera pas moins un souvenir impérissable.
Pour sa 6e édition, c’est encore le splendide Parc du Mont St-Bruno qui accueillait la GVDS, un événement très bien organisé par le Club des Coureurs sur Route du Mont St-Bruno (www.ccrmsb.org) sous le leadership inspirant de son infatigable président, Stéphane Lachapelle. Malgré mon manque évident d’objectivité étant membre du club, je peux néanmoins affirmer, pour avoir participé à plus d’une centaine de courses à ce jour, qu’il s’agit d’un des meilleurs événements de course à pied au Québec, autant par son caractère familial rassembleur que l’efficacité de son organisation bien huilée.
L’événement bénéficie également d’un cadre naturel enchanteur puisque les différents parcours empruntent les magnifiques sentiers du parc provincial sous le couvert feuillu de grands arbres centenaires et le long des rives des lacs des Bouleaux, du Moulin et Seigneurial où les beaux points de vue ne manquent pas. On peut aussi y apercevoir de splendides demeures d’une autre époque de même qu’un moulin à eau remontant au Régime français. En ce dimanche 14 juin, le soleil faisait ressortir la beauté pastorale de cet écrin de verdure, nous faisant facilement oublier que nous sommes pourtant à proximité de la grise métropole.
La GVDS comporte des épreuves de 5 km, 10 km et 20 km auxquelles s’ajoute une course pour enfants (1 km) bien nommée la Petite Virée. Signe de sa popularité, la Petite Virée affichait complet plusieurs semaines avant sa tenue; ditto pour les 5km et 10 km plusieurs jours avant l’événement. L’épreuve du 20 km, plus exigeante en raison de nombreuses montées, affichait presque complet. En tout, l’organisation peut s’enorgueillir d’avoir attiré plus de 1700 inscrits.
J’ouvre une parenthèse pour reconnaître que limiter le nombre de participants dans une course engendre souvent des déceptions. À l’instar des éditions précédentes, ce fut particulièrement vrai en ce qui concerne la Petite Virée 2009 dont la capacité fut pourtant augmentée à 300 enfants. Cette limite, bien qu’elle puisse sembler arbitraire, s’impose néanmoins pour assurer un encadrement adéquat et sécuritaire aux jeunes dont plusieurs en sont à leur première expérience. Fin de la parenthèse.
Quoiqu’il s’agisse de courses en forêt, les sentiers du Parc sont néanmoins très bien aménagés, généralement assez larges pour courir en duo ou trio, et leur surface s’apparente à celle des pistes cyclables en gravier. Il n’y a pas vraiment d’endroit à risque pour les chevilles ou autres articulations sensibles et le degré de difficulté technique est à peine plus élevé que celui de la course sur route. Il ne faut pas surtout confondre avec les courses de type « trail » comme le défunt Raid des Caps dans Charlevoix ou la course Ultimate XC tenue à Mont Tremblant le 27 juin dernier (www.ultimatexc.com) à propos de laquelle je ferai un compte-rendu puisque j’ai participé à l’épreuve de 56 km. Mes chevilles en conservent encore un souvenir très vif.
Les parcours de 5 km et 20 km de la GVDS furent légèrement modifiés, permettant à l’organisation de déplacer l’aire d’arrivée afin de faciliter les déplacements aux alentours et ainsi mieux gérer la foule qui croît année après année. Il faut noter que l’endroit fourmille d’activités avec ses nombreux kiosques (inscription, nourriture, vitamines et accessoires de course et plein air) et son aire de pique-nique fort achalandée. À cela s’ajoutent la structure d’escalade pour enfants et l’atelier de maquillage, qui contribuent à faire de la GVDS un événement familial convivial et rassembleur.
En plus de mon expérience père-fille au 5 km, j’avais également eu le grand plaisir de courir le 20 km un peu plus tôt, un très beau parcours qui m’est particulièrement cher. Je courais à titre de bénévole aux 2 épreuves en communiquant la position du peloton à chaque km par walkie-talkie et pour signaler, le cas échéant, toute situation impliquant des coureurs en difficulté. J’ai donc joint l’utile à l’agréable en m’offrant deux petits « jogs » tranquilles tout en demeurant alerte.
Mon expérience de bénévolat (j’étais aussi à la Boutique Courir la veille pour le retrait des dossards) était partagée par un grand nombre de membres de notre club et il m’apparaît important de le souligner. Naturellement, nous ne sommes pas l’unique club qui organise sa propre course et les efforts enthousiastes que j’ai observés au cours du week end sont reproduits ailleurs par d’autres clubs durant chaque saison de course. Il s’agit d’une occasion de redonner à la communauté tout en valorisant l’esprit de corps.
Pour les statistiques : 299 coureurs ont terminé le 20 km, 437 pour le 10 km et 467 pour le 5 km (voir www.sportstats.ca pour les détails); ces épreuves ont été remportées en 1h10, 35 minutes et 16 minutes respectivement, comme l’an dernier. Voilà des résultats bien impressionnants vu la topographie des parcours, particulièrement le 20 km qui comporte plusieurs bonnes montées. À la GVDS, tous les finissants sont traités en champions en recevant une très belle médaille souvenir; ma jeune fille était bien fière de recevoir la sienne!
Enfin, comme pour toutes les autres courses organisées au Québec, une majorité de coureurs peut s’éclater grâce au travail et aux efforts acharnés d’une minorité de responsables qu’il convient de saluer très respectueusement. En terminant, j’invite chaque coureur à donner du temps à l’une des nombreuses courses au Québec, ne serait-ce qu’une seule fois, et je souhaite à chaque parent de pouvoir courir un jour avec ses enfants. Pour ma part, je ne vivrai pas assez vieux pour oublier la GVDS 2009!
Marc Dagenais