Virée familiale et « PB » à Edmonton
Réaliser un « Personal Best » au marathon procure invariablement une sensation indicible. À cela, j’ai pu ajouter la joie des retrouvailles familiales alors que j’ai rendu visite à mon aînée en stage à Edmonton. En plus de courir le marathon dimanche (16 août), j’ai participé au 5K la veille avec mes deux filles. Une météo extraordinaire nous a accompagné tout le week end; non seulement le soleil brillait-il de tous ses feux, mais encore le temps frais et sec s’est avéré vraiment idéal pour courir.
Le marathon d’Edmonton n’est certes pas un événement de grande ampleur; toutefois, il était plutôt bien organisé par le réseau bien connu de boutiques Running Room (http://www.events.runningroom.com/site/?raceId=4028) et les différentes épreuves étaient réparties sur les deux jours du week end, soit les 5K et 10K le samedi, suivis du demi et du marathon le lendemain. L’Expo-Santé se résumait au comptoir de retrait des dossards, peu de kiosques et l’incontournable boutique Running Room, le tout sous un grand chapiteau au cœur du Sir Winston Churchill Square situé en face de l’Hôtel de Ville, au centre-ville de la capitale albertaine.
Edmonton est l’endroit ayant vu naître le réseau de boutiques Running Room, aussi il n’était pas surprenant d’y voir son dynamique fondateur John Stanton. Malgré le caractère local de l’événement, la logistique m’a semblé à la hauteur des compétitions de plus grande envergure. Sur le plan pratique, j’ai même pu garer mon véhicule dans un stationnement public situé tout juste sous l’aire de départ/arrivée avec accès facile hors du périmètre bloqué!
Les courtes épreuves du samedi ont attiré un grand nombre de coureurs enthousiastes, plusieurs y participant en famille ou en duo enfant/parent. C’est dans cette atmosphère conviviale et joyeuse que j’ai vécu le grand bonheur de courir tranquillement avec mes deux filles sur un tracé des plus simples : un aller-retour, pratiquement en ligne droite, sur l’une des artères est-ouest du centre-ville. Les coureurs du 5K n’étaient point chronométrés mais se voyaient remettre une médaille de participation au même titre que les finissants des autres épreuves.
Le lendemain, le marathon débutait à 7h00 du matin alors que le fond de l’air était encore frais. Vu le nombre relativement petit de coureurs, le « lapin » pour 3h30 était placé assez à l’avant du peloton et, pour une rare fois, je n’ai éprouvé aucune gêne à m’y placer également. Dès le départ, le contingent de marathoniens traversait le centre-ville vers l’ouest, puis au sud vers la rivière North Saskatchewan. Ce cours d’eau, tout en méandres, sépare ni plus ni moins la ville en deux sections en créant une dépression sur toute sa longueur, ce qui offre un peu de relief à la topographie autrement très plane du reste de la cité et ses environs (les Rocheuses se trouvent à 4 heures de voiture).
Tout compte fait, les concepteurs du parcours de ce marathon ont su utiliser à bon escient les escarpements créés par le lit de la rivière pour, d’une part, offrir de belles balades sur les hauteurs de part et d’autre de ladite rivière entre les falaises et les inévitables résidences cossues qui les bordent, et, d’autre part, augmenter le degré de difficulté du parcours avec quelques enchaînements de montées et descentes.
Le tracé nous a fait découvrir une cité verdoyante en plusieurs endroits, notamment le parc Hawrelak et le ravin MacKinnon de même que certains quartiers huppés de la ville. Entre les 29e et 30e kilomètres, une dernière longue montée faisait grimper nos pulsations et attaquèrent nos jambes fatiguées alors qu’il fallait encore se taper un petit 12K.
Cette dernière portion se déroulait entièrement sur le plat et je savais, dès lors, que si la tendance se maintenait, je pourrais améliorer mon meilleur temps (3h16, 56s) en créant un écart intéressant. Animé par un fort sentiment d’accomplissement (et d’urgence à conclure), je commençais alors à effectuer quelques calculs pour tenter de deviner mon temps d’arrivée. Ces amusantes mathématiques m’ont fait oublier la fatigue accumulée et les derniers kilomètres m’ont semblé moins longs.
Je n’avais aucun plan de match particulier avant de commencer ce marathon et je souhaitais surtout avoir du plaisir à découvrir une nouvelle route en courant selon mon « feeling » du moment. Il va sans dire que ce « feeling » devenait de plus en plus agréable au fur et à mesure que j’approchais de l’arrivée. Je n’ai jamais eu aussi hâte de voir les chiffres apparaissant sur le cadran de la ligne d’arrivée et je fus comblé!
Parfois, les choses ne se passent malheureusement pas comme on le souhaite; je l’ai vécu lors de quelques courses. D’autres fois, tous les éléments se conjuguent pour offrir les meilleures conditions possibles; si, en plus, nous réussissons à entrer « in the zone », cette espèce d’état de grâce indéfinissable qui amène à se dépasser, tout semble devenir possible. Avec un climat franchement idéal pour un marathon et la grande joie d’avoir couru avec mes enfants la veille pour me transporter, je ne me souviens pas avoir débuté un marathon le cœur si léger, l’esprit aussi « zen » et sans aucune appréhension.
J’ai donc enregistré un nouveau « PB » de 3h09 et 59 secondes, 30e sur 395 participants, le premier ayant terminé en 2h23 (première dame en 3h08 et 59s.) et le dernier en 6h25. Si je puis me permettre de comparer ce beau marathon avec un très bon repas, alors le 5K avec mes filles fut nul doute le meilleur hors d’œuvre qu’on ne m’ait jamais servi.
Marc Dagenais ————-29 août 2009