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Around the Bay – Hamilton 2008

Around the Bay – Hamilton 2008

Around the Bay, Hamilton 2008

Rendez-vous avec l’Histoire

Par un dimanche ensoleillé mais frisquet le 30 mars dernier, avait lieu la 114e édition (vous avez bien lu!) de la course Around the Bay (www.aroundthebayroadrace.com), Cette course d’âge vénérable est disputée en la ville très industrielle de Hamilton, située à l’extrémité ouest du Lac Ontario, à proximité de Toronto. Cet événement historique existe depuis 1894, soit 2 ans avant le marathon de Boston, et revendique le titre de plus ancienne course en Amérique du Nord.

L’épreuve principale de cet événement est une course de 30 km à laquelle s’ajoutaient une épreuve de 5 km, des courses à relais (en 2 ou 3 étapes) sur le parcours de 30 km et un volet marche. Avec un maximum de 5 500 participants inscrits au 30 km, soit le plus haut total à ce jour, l’événement-phare se déroulait à guichets fermés. Le nombre d’inscrits à toutes les épreuves atteignait 8 300, en hausse d’un millier par rapport à l’année précédente. Vu les bourses offertes, un petit contingent de Kenyans et autres élites y participaient.

C’est lors de l’Expo-Santé du Marathon des Deux Rives à Québec l’an dernier, que Laurent Jugant, Gilles Cadotte, Stéphane Lachapelle et moi avions décidé d’y participer. Par la suite, Daniel Lamontagne s’est joint à nous ainsi qu’une copine de Laurent. Pour l’occasion, nous avons loué une fourgonnette pour voyager tous ensemble. L’atmosphère de rigolade dans le véhicule s’est avéré un antidote efficace à la platitude de l’autoroute 401 entre Montréal et Toronto et a même donné lieu à des échanges enrichissants qui ont rendu le voyage très agréable. Gilles soulignait que ces moments privilégiés sont un « petit hymne à la Vie ».

Nous étions partis très tôt samedi matin de St-Bruno afin de ne pas arriver en retard pour retirer nos dossards à l’Expo-Santé (Health & Fitness Expo). Celle-ci avait lieu au Copps Coliseum, domicile depuis 1996 du club de hockey des Bulldogs, le club école du Canadien de Montréal. Cet édifice de 17 500 sièges construit en 1985, fut ainsi nommé en l’honneur de l’ancien maire Victor K. Copps qui présida aux destinées de Hamilton durant 14 ans. Il est également père de Sheila Copps, ex-membre du notoire « Rat Pack » libéral fédéral et ancienne ministre du Patrimoine qui s’était fait connaître avec sa distribution « a mari usque ad mare » de petits drapeaux unifoliés. D’après les quelques informations trouvées sur le web, M. Copps aurait souffert d’une sévère crise cardiaque lors de la course Around the Bay en 1976, ce qui l’amena à se retirer de la vie publique. Je présume qu’il n’était pas spectateur mais j’ignore s’il participait à l’épreuve du 30 km ou du 5 km…

Bon, assez pour le cours d’histoire (il s’agit tout de même d’une course historique, rappelons-le) et revenons à l’Expo-Santé peuplée de très nombreux coureurs enthousiastes et fébriles qui avaient investi ce colisée Copps. J’aime beaucoup me retrouver avec mes semblables de l’espèce homo runningus pour récupérer mon dossard et le désormais incontournable chandail aux couleurs de l’événement. Cette fois-ci, nous recevions un beau chandail technique à manches longues qui arbore fièrement l’inscription « Older than Boston » à l’endos. C’est qu’ils y tiennent à leur préséance!

L’Expo-Santé est non seulement un endroit pour assouvir nos besoins de magasinage d’articles spécialisés, mais souvent un lieu de rencontre avec des gens intéressants. Nous avons d’ailleurs eu le plaisir de nous entretenir avec M. Denis Therrien, le maître d’œuvre du Marathon des Deux Rives à Québec, qui nous a fait réaliser toute la complexité de l’organisation d’un tel événement et tous les efforts d’équipe que cela exigeait. Ailleurs, au kiosque présentant une course organisée pour la St-Patrick, notre ami Gilles a reçu un chapeau haut de forme arborant le trèfle irlandais et les couleurs de la bière Guiness après avoir fièrement exhibé sa médaille (qui traînait dans ses poches, imaginez-vous) du demi-marathon de la St-Patrick à la dame qui tenait ce kiosque.

Je m’en voudrais d’oublier de mentionner que le restaurant (de pâtes, quoi d’autre) qui nous avait été recommandé pour le lunch par une bénévole de l’Expo-Santé, était fermé par ordonnance de l’autorité pertinente en santé publique pour cause d’insalubrité ! Bah, nous sommes allés à l’hôtel déguster un spag trop cuit à 25$. Heureusement, le souper aux pâtes était un peu mieux.

Le lendemain, le départ du 30 km avait lieu tout près du fameux colisée à 9h30, soit à une heure un peu plus tardive qu’à l’accoutumée. Puisque nous étions nombreux et plutôt serrés derrière la ligne de départ et les élites, un système d’enclos (« corrals ») aurait été bienvenu. Quoiqu’il en soit, le soleil et la bonne humeur étaient à ce rendez-vous avec l’Histoire. Le mercure affichait un degré Celsius sous zéro au départ avec un vent d’est de 30 km/h; la température s’est réchauffée à deux degrés au-dessus de zéro à l’arrivée.

Et c’est le départ ! Après les quelques centaines de mètres dans le centre-ville, les premiers 8-9 kilomètres traversaient essentiellement des quartiers typiquement ouvriers, un paysage urbain plutôt banal mais rien de surprenant puisque Hamilton est la ville des grandes aciéries. Il n’y avait aucune trace de cette baie qui donne son nom à la course avant le 12e kilomètre.

Du 12e au 17e km, le parcours est situé sur une petite bande de terre séparant la fameuse baie (que l’on devine plus qu’on ne voit) du Lac Ontario (que l’on aperçoit quelques fois entre les maisons). Sur l’artère nommée Beach Boulevard se trouvait la « Tin Pan Family » qui nous encourageait en frappant sur un assortiment assez varié de chaudrons et casseroles. Plutôt sympathique! Après le 15e kilomètre, nous traversons un pont métallique au-dessus de l’écluse menant du lac à la baie (qu’on a très peu vue jusque là).

C’est entre les 8e et 15e km que nous dépassions les marcheurs. Malgré quelques groupes qui prenaient de l’espace, la grande majorité fut assez disciplinée, Je dois noter cependant que je trouve leur présence un peu spéciale. Ça ne me dérange pas vraiment, mais…

À Burlington, à partir du 18e km, le vrai travail commence avec une succession de petites côtes et quelques descentes assez raides, ce genre de descente que j’ai toujours de la difficulté à gérer, contrairement à Gilles qui plane à grande vitesse. Sur North Shore Boulevard, le décor présente un contraste assez frappant avec les faubourgs ouvriers alors qu’on traverse un quartier plutôt cossu, particulièrement les magnifiques demeures riveraines. Ce n’est sans doute pas un hasard si l’on trouve ici les meilleurs points de vue sur la fameuse baie.

Je savais qu’une bonne côte nous attendait après le 25e km, mais j’ignorais qu’il y en avait plusieurs avant. En appuyant un peu trop sur l’accélérateur entre les 5e et 18e km, j’ai donc payé le prix. La côte susmentionnée était immédiatement précédée d’une descente que j’ai trouvée horrible. Pour ajouter au supplice, on pouvait apercevoir le tracé de cette montée dès l’arrivée en haut de la descente préalable, pour mieux apprécier toute la puissance de l’instrument de torture quelques minutes avant de le subir. Du plaisir pur jus!

L’énergie ainsi sapée et le moral aux talons, je me suis par la suite traîné jusqu’au fil d’arrivée. Oh que cela n’augure pas bien pour le marathon de Boston trois petites semaines plus tard! L’idée d’y renoncer m’a traversé l’esprit à quelques reprises depuis. On verra bien…

Toute bonne chose ayant une fin, cette côte s’avérait la dernière et le reste du tracé était plat puis légèrement descendant vers le centre-ville. En d’autres circonstances et dans un autre état d’esprit, j’aurais trouvé bien drôle ce personnage de la Faucheuse qui nous taquinait au 28 km en plein milieu du boulevard. Nous avions aussi un très beau point de vue sur la baie, mais je n’étais plus vraiment en mesure de l’apprécier. Dommage!

Quoiqu’il en soit, l’arrivée se trouvait à l’intérieur du colisée Copps, au beau milieu de l’amphithéâtre. Avec plusieurs spectateurs dans les gradins, il y avait certes de l’ambiance. Je trouve qu’une finale dans une enceinte sportive, à l’instar du marathon qui finit dans le Stade Olympique de Montréal, ajoute un petit quelque chose intéressant. De plus, avec ce temps frisquet et venteux de l’année, il fait bon se trouver à l’intérieur.

Les médailles remises aux participants terminant l’épreuve (mot bien choisi en ce qui me concerne) étaient divisées en trois catégories : l’or pour les coureurs terminant en moins de 2h et les coureuses en moins de 2h15; l’argent pour moins de 2h15 (coureurs) et de 2h30 (coureuses); et le bronze pour tous les autres. À noter que c’est le temps officiel (« gun time ») et non réel (« chip time ») qui est utilisé.

Je m’étais mis en tête d’aller chercher l’argent et cet empressement m’a joué un vilain tour. En me traînant après la côte, je me suis donc contenté de finir en 2h18:31. Plus méthodiques et constants, Gilles (7e dans sa catégorie d’âge) et Daniel ont enregistré 2h16:03 et 2h17:51 respectivement. Laurent a réalisé un temps magnifique, si bien qu’il ne lui manquait que 29 petites secondes pour décrocher l’or. Stéphane nous suivait en 3h10 en pleine forme. Nonobstant mon résultat personnel, je trouve intéressante l’idée de catégoriser les médailles. Évidemment, j’aurais préféré que l’argent couvre un intervalle de 30 minutes plutôt que 15…

Pour les autres statistiques, le premier coureur franchissait la ligne d’arrivée en 1h33 et la première femme en 1h48. Le premier Québécois, Louis-Philippe Garnier, terminait en 1h45. Le 4 427e coureur fermait la marche en 4h56.

Tout compte fait, il s’agissait d’un très bel événement, bien organisé et sympathique. J’y reviendrai sans doute un jour. Je crois qu’il devrait exister davantage de courses de 30 km puisqu’il s’agit d’une distance qui représente un bon défi (bien plus qu’un demi) sans toutefois être aussi exténuante qu’un marathon. En outre, comme le soulignait Stéphane avec justesse et humour, « lorsqu’on frappe le mur, on est arrivé ! ».